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  • Photo du rédacteurRaluca Belandry

Transgresser

Ne nous trompons pas : la rencontre n’est pas en cause, mais la transgression dont il fut toujours question. Depuis l’éveil jusqu’ à l’endormissement, elle dicte sa loi. L’ordre renvoie son reflet inversé dans la glace qui nous fait face. Derrière moi, tu nous regardes nous regardant te regardant me regardant. Devant toi, je me tiens nous tenant te tenant.


Au seuil de la vision les yeux se voilent : notre image en mouvement se décolle pour nous faire face. Nous sommes là, toi et moi, bleu dans le vert, blanc sur blanc, surface polie sur surface froissée. L'énervement de la peau hystérise nos idées. Et la glace vole en éclats… quoiqu’il demeure un doute quelque part dans cet immense salon.



Qui voit ces mains qui attrapent une taille, aussi serrées que les phalanges d’un Atlas tenant le globe de sa nécessité ? Les lignes se courbent, le mouvement se fait impérieux et les perspectives s’inclinent. Tes mains ne sont plus des mains, ce sont des serres. L’amplitude de leur -, la force de ta -, l’envol de nos -, la soif de mon -, Mais les lieux se distendent soudain, les pierres tombent, s’écrasent sans bruit aucun. Tout autour de nous les décombres nous servent de paravent.


Quels murs encore ? Quelles cloisons ? Quelles portes ? Quelles glaces ? Avec toi, le risque porte le nom de l’attente en lieu certain de l’inattente. Sans rendez-vous, nous nous y trouvons : nous autant que nus. Ton grand corps n’est qu’yeux de loup et ma taille fond en coulées empourprées.


Si je te veux ? Quel fou tu dois être pour t’engouffrer ainsi en moi ! Pourtant… Une certitude glisse entre nous aussi calmement qu’une feuille voguant sur une surface lacustre.


Où est l’horizon ? On ne le cherche plus !


Dans la poussière de pierres et d'étain, je ne distingue plus que la chose qui jamais ne dira son nom.


- R.B.

Crédit image : Stefan Krauss


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