Raluca Belandry
Nul orage
"Une ombre passe
dans l’absence qui pétrit le temps,
bruissement entre des mains
qui poussent les feuilles cordées
d’une plante ni transparente, ni opaque,
nervurée comme une fougère,
refuge et instrument pour un esprit
hésitant. Ces mains
qui hantent et voilent nos yeux.
Mais les yeux sont des lèvres
les yeux sont des bras et des jambes,
les yeux sont des rêves et des mots –
Elle passe
Combien de jours, dans le jour interminable,
roulent dans le tambour arrêté de l’orage.
Le vent ne parle plus,
l’air creuse un espace inouï.
Dans la caisse de résonance, entre deux parois,
il reste une place pour un corps orphelin
de réveils, de rages et de cauchemars.
Ce corps a épousé la paroi de nos ventres,
courbés sur l’absence –
Elle passe
Les mains tremblent en écartant les feuilles,
le corps retentit dans le vide résonnant.
Plus aucune menace ne sert
à l’abandon du corps devant l’orage d'hier.
Elle passe
Et s’éloigne maintenant.
Le temps se pétrira de l’absence de l’ombre
qui éclairera les mains bruissant,
poussant l’archet
sur les cordes de l’instrument,
descendant sur les nervures d’une fougère,
pour attraper une musique ni sourde, ni froide
que ce corps entendra. "
R.B.